Chapitre 2 : L’Enigme de Sebastian
Les échos de la rencontre avec Sebastian résonnent encore dans mon esprit alors que je quitte le cabinet ce soir-là. Le poids de la pluie froide s’ajoute à mes pensées confuses, tandis que je me dirige vers ma voiture garée en contrebas. Son regard, ses paroles, tout chez lui m’a laissée troublée. Ce n’est pas simplement l’homme accusé de crimes horribles que j’ai rencontré aujourd’hui, mais un individu plus complexe, plus profond, comme s’il cachait d’autres vérités que ses actes.
Alors que je m’engouffre dans ma voiture, mes doigts se crispent un instant sur le volant. Pourquoi me sentais-je si perturbée par lui ? J’ai pourtant l’habitude de traiter avec des criminels, certains bien plus dangereux. Mais Sebastian Graves n’est pas un criminel ordinaire. Tout en lui me semble calculé, et pourtant, il y a une part de mystère qu’il laisse volontairement planer. Comme s’il jouait un jeu auquel je ne comprends pas encore les règles.
La route jusqu’à mon appartement me semble interminable, les pensées tourbillonnant dans mon esprit. Les rues sont presque désertes, les lumières de la ville créant des ombres allongées sur le bitume mouillé. Je roule lentement, repensant à cette rencontre. Pourquoi cet homme semble-t-il tant m’atteindre ?
En arrivant chez moi, je m’effondre dans mon canapé, éreintée par cette première journée. Le dossier de Sebastian est posé sur la table basse, mais je n’ai pas le courage de l’ouvrir ce soir. Je ferme les yeux, tentant d’évacuer la tension accumulée. Pourtant, son visage continue de me hanter, cette intensité dans ses yeux me poursuivant jusque dans mes pensées.
Les heures passent, mais le sommeil me fuit. Finalement, je cède et me lève, attrapant le dossier pour l’étudier à nouveau. Peut-être qu’une analyse plus poussée des faits m’aidera à comprendre ce qui me dérange tant chez cet homme.
Les rapports sont détaillés. Les crimes dont il est accusé sont d’une violence inouïe. Trois personnes ont été retrouvées mortes, chacune dans des circonstances troublantes. Sebastian a été vu près des scènes de crime, et pourtant, il nie toute implication directe. Ses alibis sont fragiles, ses explications pleines de zones d’ombre. Mais le plus étrange, c’est la manière dont il est décrit par ceux qui le connaissent : charismatique, séduisant, mais aussi manipulateur et dangereux. Chaque témoin évoque cette dualité qui émane de lui, cette capacité à séduire tout en dissimulant ses véritables intentions.
Je me frotte les tempes, essayant de chasser la fatigue qui s’installe. Pourquoi ai-je accepté ce dossier ? Pourquoi ai-je l’impression que cette affaire va me conduire dans des méandres dont je ne ressortirai pas indemne ?
Un bruit sourd me tire brusquement de mes réflexions. Mon cœur rate un battement. Je me redresse, les sens en alerte. Un instant, je crois avoir rêvé, mais non, un second bruit se fait entendre, cette fois plus proche, venant de ma porte d’entrée.
Je me lève précipitamment, le dossier encore à la main, et m’avance vers la porte. L’angoisse monte en moi, irrationnelle mais bien réelle. J’hésite un instant avant de regarder par le judas. Mon souffle se coupe.
Sebastian Graves est là. Devant ma porte.
Je recule instinctivement, sentant une vague de peur m’envahir. Comment est-il arrivé ici ? Comment sait-il où j’habite ? Je me ressaisis rapidement, attrapant mon téléphone pour appeler de l’aide. Mais avant que je ne compose un numéro, un léger coup retentit contre la porte, comme un simple rappel de sa présence.
« Marissa. » Sa voix traverse la porte avec une douceur inattendue. « Ouvrez, s’il vous plaît. Je ne suis pas là pour vous faire du mal. »
Mon cœur bat à tout rompre. C’est insensé. Il ne devrait pas être ici.
« Comment savez-vous où je vis ? » Ma voix tremble légèrement, trahissant l’inquiétude que j’essaie de cacher.
« J’ai mes moyens. » Une pause. « Je voulais juste vous parler, en dehors des murs du cabinet. Laissez-moi entrer, juste quelques minutes. »
Je reste silencieuse, indécise. Chaque fibre de mon corps me dit de refuser, de le renvoyer. Mais une part de moi, celle qui a été irrémédiablement intriguée par lui, hésite.
« Je vous promets de partir si vous le souhaitez. » Il ajoute doucement, comme pour m’apaiser.
Contre toute logique, je déverrouille lentement la porte, laissant un léger espace entre nous. Nos regards se croisent immédiatement. Il se tient là, sous la lueur tamisée du couloir, parfaitement calme, comme s’il n’y avait rien d’étrange à cette situation.
« Je vous écoute, M. Graves. » Ma voix est plus ferme que je ne le pensais, mais mon cœur continue de battre furieusement dans ma poitrine.
Il me regarde, son regard pénétrant, presque hypnotique. « Appelez-moi Sebastian. »
Je ne dis rien, attendant qu’il s’explique.
« Je voulais vous voir, sans les formalités d’un bureau. » Il fait un pas en avant, réduisant la distance entre nous. « Il y a des choses que vous ne trouverez pas dans un dossier. Des vérités que je suis prêt à partager, mais seulement si vous êtes prête à les entendre. »
Je reste figée, consciente de l’intensité qui émane de lui. « Vous ne devriez pas être ici. »
« Peut-être. » Son sourire s’élargit légèrement. « Mais vous m’avez laissé entrer. »
Un silence lourd s’installe entre nous, un silence rempli de non-dits, d’une tension palpable. Je devrais être celle qui garde le contrôle de cette situation, mais comme lors de notre première rencontre, c’est lui qui semble dominer l’échange.
« Que voulez-vous ? »
Il penche légèrement la tête, ses yeux plongés dans les miens. « Je veux vous montrer qui je suis vraiment. Pas l’homme que vous lisez dans ces dossiers, pas l’accusé que tout le monde voit. »
Je sens une part de moi vaciller, une curiosité dangereuse s’allumant en moi. Chaque mot qu’il prononce semble chargé d’une promesse implicite, d’une tentation à laquelle il est difficile de résister.
« Et si je ne veux pas voir ce côté de vous ? » Je murmure, les mains crispées sur le dossier que je tiens toujours.
« Alors je partirai. » Ses mots sont simples, mais sa présence demeure oppressante.
Je le regarde, hésitant entre la prudence et cette étrange fascination qu’il exerce sur moi. La nuit est déjà avancée, et dans le silence de mon appartement, il me semble que Sebastian Graves est la seule certitude, la seule chose que je ne puisse ignorer.